Les scientifiques qui nous parlent de réchauffement climatique développent des arguments si terrifiants que j’ai connu une période où je me sentais de plus en plus alertée pour l’avenir.
Par exemple, avec la montée des eaux : que se passera-t-il pour tous les gens, et j’en connais, qui vivent à côté de l’océan ? Sans parler de tous les côtiers du monde qui chercheront refuge en Europe : déjà que les vagues d’immigration posent des problèmes difficiles à résoudre aujourd’hui, qu’en sera-t-il demain face au nombre ?
Autre exemple : les canicules. J’ai vécu 33 °C chez moi cet été et j’ai failli devenir dingue… mais ce n’était que 3 jours. Comment je pourrai supporter 1 mois à ce régime, alors que j’aurai vieilli ?
Je comprends assez facilement, finalement, le réflexe de celles et ceux qui préfèrent ne pas y penser, et imaginer que ça va s’arranger, d’une façon ou d’une autre…
Personnellement, je suis engagée depuis des années sur une ligne de changement, pour limiter la crise. Je ne peux donc pas la nier.
Bref, comment surmonter ce sentiment d’insécurité majeur, lié à l’aggravation de la crise climatique ? Comment le supporter, déjà, et tenter de regagner un peu de sérénité ? De confiance en l’avenir ?
J’ai longuement réfléchi à cette question, et je vous expose aujourd’hui mes 3 réponses :
- Passer à l’action, lentement, mais sûrement.
- Compenser mon insécurité personnelle par une sécurité relationnelle
- Développer mon sentiment d’utilité dans un monde qui craque
Pourquoi c’est important de ne pas rester dans l’idée du pire
Je vais vous dire d’abord pourquoi c’est important pour moi de ne pas rester dans l’idée du pire.
En premier : l’insécurité empêche d’avancer dans sa vie.
Ensuite : quand on est mal, on peut déclencher des conflits avec les autres.
Et enfin : ne penser qu’au pire, c’est le meilleur moyen d’auto-saboter sa vie.
L’insécurité m’empêche d’avancer
Je ne sais pas pour vous, mais quand j’ai peur, quand j’angoisse, je n’arrive pas à sortir de mes idées noires. Elles tournent en boucle.
C’est très difficile de sortir d’une spirale infernale de peur irraisonnée pour l’avenir. Mon cerveau s’est bâti un scénario catastrophe bien pire que dans les pires films américains.
Avec ça, pour me rendormir la nuit, je peux toujours courir.
Mon état d’esprit négatif déclenche des conflits avec les autres
Mon problème de dépression due à l’écologie a eu pour conséquence de faire fuir mes proches au galop, dès que le sujet pointait le bout du nez.
Et c’était souvent, car j’avais tendance à regarder tout ce que je faisais d’écologique, que les autres ne faisaient pas. Évidemment, je faisais des remarques.
Je déclenchais des conflits. Bêtement. Parce que je n’avais aucune chance d’intéresser les autres à ce que je faisais en leur reprochant ce qu’ils ne faisaient pas.
Il y a quelques années, ma vie relationnelle était une vraie galère quand il s’agissait de mon engagement.
Donner toute la place au pire, c’est auto-saboter la vie
Si, dans ma tête, le monde est foutu, la société va s’effondrer, et toutes les belles choses de la vie vont disparaître, vous me voyez venir : à quoi bon continuer à vivre ?
Donner toute la place au pire, c’est auto-saboter sa vie, en passant des journées noires à penser catastrophes, à parler catastrophes.
Alors qu’en réalité, la vie, la plupart du temps : c’est génial.
Mes 3 réponses pour sortir de l’écoanxiété
Vu le tableau qui précède, difficile de poursuivre mon désir de réussir ma vie, malgré tout. Il m’a fallu réfléchir longuement, et expérimenter beaucoup, pour trouver les ressorts qui m’ont fait passer de la notion de pire à la notion d’espoir.
Mes solutions vont peut-être vous sembler fades a priori. En fait, elles sont ré-vo-lu-tion-aires !
C’est un chemin que vous pouvez expérimenter les yeux fermés. Vous ne le regretterez pas. Et je vous explique pourquoi.
Passer à l’action, lentement mais sûrement
C’est aujourd’hui une certitude pour les neurosciences : le cerveau utilise les habitudes pour économiser de l’énergie, afin de nous permettre de nous concentrer sur les choses importantes.
C’est pourquoi revenir sur une habitude qui n’est pas écologique (par exemple : prendre sa voiture pour un trajet de moins de 2 km), c’est très difficile, même si ça paraît facile (ben yaka…). Parce qu’une habitude, dans le cerveau, c’est un chemin tout tracé entre 2 ou plusieurs neurones (par exemple : je pars à telle heure, je prends mes clés avec mes affaires, je sors ma voiture du parking ou du garage, et j’y vais). Aucune question à se poser.
Pour installer une nouvelle habitude (par exemple : prendre son vélo ou le tram), il faut créer un nouveau chemin neuronal, à côté de celui qui existe déjà. Sachez qu’il n’est pas possible, dans ce jeu, d’effacer un chemin existant. Il s’effacera de lui-même si on ne le prend plus.
La solution, c’est donc d’expérimenter chaque jour un truc nouveau et pas trop difficile, qui puisse me rapprocher de ce que je souhaite et que je ne fais pas encore (par exemple : tester le trajet en tram à un autre moment que mon trajet habituel, pour voir, puis reproduire ce test, puis acheter une carte de transport, puis tester le trajet en tram un jour par semaine pour aller au boulot, puis 2 jours par semaine, etc.)
Un nouveau chemin neuronal se formera grâce à la répétition de l’expérience. J’aurai alors 2 possibilités : l'ancienne habitude et la nouvelle. A moi de réaliser à mon rythme une bascule entre l'une et l'autre.
C’est un processus lent, qui peut prendre de 1 à 3 mois. Il est important de ne pas lâcher sa nouvelle expérience durant tout ce temps, sinon le bénéfice sera perdu.
Important aussi de célébrer ses petites victoires (de mon côté, par exemple, je me suis offert un petit moment de liberté entre 2 tram, sur mon nouveau trajet ; j’en ai parlé à table, le soir, en partageant un petit apéro spécial avec ma famille, …)
C’est en passant à l’action lentement, mais régulièrement, que l’on progresse le plus facilement vers un mode de vie écologique.
Développer une sécurité relationnelle pour compenser l’insécurité personnelle
Partager avec des proches son nouveau chemin écologique, même s’il est tout petit, c’est très important.
Important pour soi, déjà : car le changement nous met dans une posture incertaine, nous donne un peu d’insécurité. Ce n’est pas confortable. Chercher des appuis dans cette démarche, c’est fondamental.
Mais aussi important pour faire durer la motivation.
Personnellement, et c’est ce que je vous encourage à faire, je me suis trouvé une « amie d’écologie ». C’est une copine dont je connaissais la sensibilité pour ces idées. Je lui ai proposé un contrat d’entraide.
Chaque jour, nous échangeons (parfois juste un message, parfois une longue conversation) sur notre expérience du jour. Ce qu’elle nous a apporté, en réussites ou en problèmes. Et surtout nous sommes les témoins respectifs de nos victoires sur nous-mêmes, même si elles sont petites. C’est très agréable, vous savez, de pouvoir se sentir fière de ce qu’on a fait en en parlant à quelqu’un de confiance.
Non seulement ce truc m’a permis de progresser dans ma démarche écologique, mais en + il m’a apporté énormément de confiance en moi.
Devenir utile et me concentrer sur tous les bénéfices que ça m’apporte
J’ai l’occasion d’en parler régulièrement : en devenant + écologique, on fait des économies, on devient moins auto-centré, plus minimaliste, et progressivement la vie prend un autre sens.
Il y a une question qu’on me pose, souvent :
« Si tu ne t’intéresses plus à la mode, ni aux technologies récentes, ni à des projets d’achats, ta vie s’appauvrit, non ? Qu’est ce qui te motive, si ce n’est plus la réussite matérielle ? Tu n’as pas peur de devenir complètement ringarde ? »
C’est dire jusqu’à quel point la consommation a pris de l’importance dans nos vies...
J’ai coutume de répondre en premier qu’en dépit des apparences, je reste très matérialiste. Car j’aime mes affaires, et j’en prends grand soin (par exemple, je n’ai pas besoin de m’interroger devant la glace pour savoir si ma tenue du jour est ok, car je sais qu’avec mes habits, qui sont de qualité et que je connais bien, je suis sûre qu’ils me vont parfaitement, je n’ai plus à me poser ce genre de question).
Ensuite, et bien je dois reconnaître qu’avant, je passais beaucoup de temps à consommer, ce que je ne fais plus que très épisodiquement aujourd’hui. Alors, non, je n’ai pas peur de devenir ringarde. Parce que j’ai découvert que ce n’est pas le plus important, être à la page ou ne pas l’être.
Le plus important, c’est de donner du sens à sa vie.
En l’occurrence, tout ce temps libéré, pour moi, je le partage entre mes passions (la musique, le tricot, l’apprentissage du grec) et mes engagements (me rendre utile).
Depuis, je n’ai plus de journée qui me semblent « vides », je n’ai plus à me demander ce que j’ai bien pu faire de bien. Je le sais. J’ai appris des choses qui me sont importantes. Et j’ai aidé des gens.
Pour moi, l’écologie, ce n’est pas uniquement les écogestes. C’est aussi l’écologie relationnelle. Et aussi l’écologie positive : celle qui me guide vers des activités qui ont du sens pour moi, sans me laisser orienter par une vision publicitaire du bonheur, qui ne porte en réalité que des plaisirs éphémères.
Allez-vous m’emboîter le pas en adoptant mes 3 réponses ?
Je reprends pour vous la direction à prendre, si vous souhaitez vaincre votre angoisse face à la crise écologique, tout en vous sentant fier.ère de respecter vos valeurs, heureux de partager vos progrès, et utile en aidant les autres.
Réfléchir à réaliser 1 action écologique chaque jour
Vous pouvez tester différents écogestes (par exemple en vous aidant de mon blog jefaismatransition.com, qui met en avant 1 geste écologique par jour). Et décider des habitudes que vous voulez vraiment changer, en suivant le protocole que je vous ai décrit ci-dessus.
Trouver votre « frère » ou votre « sœur » en écologie
C’est cette personne sur laquelle vous pourrez vous appuyer pour, d’une part, progresser dans votre démarche écologique, et, d’autre part, mettre en valeur vos réussites et aider à mettre en valeur les siennes.
C’est un atout capital dans la vie de pouvoir partager quelque chose d’important avec quelqu’un.
Militer ou rendre service, d’accord, mais à condition d’être vraiment utile
Plutôt que de courir les magasins, ou de passer un temps fou sur le net pour savoir quel produit vous allez acheter, vous aurez du temps pour donner un vrai sens à votre vie, en vous rendant utile.
Utile pour l’écologie ou pour toute autre chose. L’important, c’est l’entraide et le partage.
Alors, partants...?
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